lundi 1 février 2016

Squamish : terre des aigles et des premières nations

Squamish et le magnifique Mont Garibaldi !
Direction Squamish et la réserve protégée des aigles à tête blanche.




Nous prenons le bus une fois de plus tôt le matin, à 7h30. Cette fois, nous n’avons pas enfilé notre tenue de combat habituelle, au vu des températures annoncées avoisinant les 3/4 degrés. Arrivés au contrôle des billets, le premier gros stress de la journée survient : la contrôleuses vérifie méticuleusement chaque ticket… et pièce d’identité. Evidemment, Ivana n’a absolument aucun papier sur elle « car comme ça, elle est sure de ne pas les perdre ». On commence donc à négocier, la dame nous demande de nous mettre sur le côté, appelle un renfort mais personne n’arrive. Au bout de quelques secondes, elle nous fait un signe de la tête qu’on comprend tous les deux comme « désolé les gars, pas pour cette fois ». En voyant qu’on ne bouge pas, elle nous dit finalement : « OK OK, that’s fine » et nous libère. Nous pouvons grimper dans le bus ! Après un sermon de Simon sur le fait qu’il faut « toujours avoir ses papiers sur soi », on éclate de rire et Ivana jure qu’on ne l’y reprendra plus (bien qu’elle avait déjà fait cette promesse quelques années plus tôt lorsqu’il fallait prendre un bus nous faisant passer la frontière croate et où Ivana n’avait pas pris sa carte d’identité ‘pour ne pas la perdre’…mais boooon). La seconde frayeur de la journée surviendra également à l’attente du bus retour, mais nous y reviendrons.


Le bus nous amène donc à nouveau à contempler les paysages de mer et de montagnes, le long de la route Sea to Sky, qui longe le « fjord » Howe sound. Un peu moins de 2h plus tard, nous débarquons dans la ville Squamish, située au cœur d’une vallée creusée au milieu des montagnes par le fleuve Squamish, proche de l’embouchure. Après un déjeuner au Tim Hortons (le Starbucks canadien par excellence, en MIEUX), nous entamons notre marche vers la réserve naturelle de Brackendale, située autour de la rivière Cheakamus (affluent du fleuve Squamish), célèbre pour héberger chaque hiver un très grand nombre d’aigles à tête blanche, symbole des États-Unis d’Amérique, en migration depuis les côtes de l’Alaska. La réserve de Brackendale, il y a 10 ans, avait battu tous les records en étant le refuge de plus de 4000 de ces nobles oiseaux. L’aigle à tête blanche n’est depuis peu, plus considéré comme un animal en voie de disparition. La commune de Squamish a pourtant dénombré cette année moins de 500 aigles à tête blanche sur son territoire (un peu moins que l’année précédente).

Le Tim Hortons

Panneau annonçant l'entrée dans une réserve de la nation Squamish.

Squamish est le nom d’une petite ville et d’une rivière, mais avant tout d’un peuple amérindiens appartement à la grande famille des peuples salishs. Les « natives », ou encore « first nation », peuvent encore jouir de certaines de leur terres à Squamish. Celles-ci leur reviennent de droit et sont soumises à un stricte réglementation. Les personnes ayant du sangs améridiens du peuple squamish peuvent s’enregistrer comme personnes natives du continent américains et jouir gratuitement de la terre de leurs ancêtres. Le Canada depuis la fin du siècle dernier, a mis en place toutes sortes de droits pour se racheter du mal fait au peuple autochtone par le passé. Les amérindiens ne sont pas soumis au même régime de taxe que le reste des canadiens. Ils ont notamment l’enseignement, y compris l’université, totalement offert par l’état. Ils ont le droit d’habiter leurs terres et d’y travailler le sol, comme d’y chasser et d’y pêcher. Activités en ces lieux strictement interdis pour les non-membres du peuple squamish, et même sévèrement puni. De nombreux panneaux aux alentours des territoires en témoignent. 

Une réserve des indiens Squamish.







Ainsi, nous entamons notre marche et au bout de quelques minutes, Ivana appercoit le premier aigle à tête blanche, situé à quelques mètres seulement des maisons avoisinantes, perché sur une branche, immobile et paisible. 


UN AIGLEEEE
Nous rejoignons ensuite la zone protégée qui s’avère effectivement ultra-protégée. Aucun sentier ni petit pond ne nous permet de rejoindre l’autre côté de la rivière. Nous nous baladons le long de celle-ci en espérant voir sortir de la forêt un de ces splendides oiseaux à tête blanche. 










Attention aux ours !!! Mais pas en cette saison ...











Le dernier trappeur, l’œil vivace, scrute patiemment l'avancée du jour.





Le lunch
Assis sur un rocher au bord de la rivière, nous apercevons deux nouveaux aigles de l’autre coté de l’eau, également immobiles sur leur branche. On mange notre lunch en les observant et espérant qu’ils prennent leur envol… Ils n’auront pas bougé de l’heure. Nous continuons notre balade dans cet incroyable paysage de rivière et de montagne, de neige et de plages d’alluvions. Nous n’apercevrons plus d’aigle de la journée. La beauté des lieux prend le dessus.













  Après avoir rejoint la route en passant par des raccourcis boueux près du courant d’eau, nous décidons de nous rendre à Squamish centre, histoire d’avoir un vrai repas (car le Père Noël en chocolat ne nous a pas vraiment suffit). Le village est à plus d’1h à pied et il n’y a pas de bus avant 45 minutes. On décide de faire du stop. C’est la seconde fois que l’on fait du stop au Canada, et cela s’est toujours avéré désastreux : des personnes SEULES dans des 4x4 ou des pick up ne s’arrêtent pas, ne prêtent même pas attention à nous. Finalement, nous marchons jusqu’au Tim Hortons et Simon le Hardi essaye de pousser des personnes grimpant dans leur voiture de nous prendre avec eux sur leur route. Il pose des questions sur le chemin à prendre pour aller à pied jusque là en comptant sur la générosité et surtout la pitié des gens. Un premier couple nous donne l’info sans nous proposer de nous y emmener. Nous continuons d’errer désespérément sur le parking quand, pris de remords, ils décident tout de même de nous y emmener. La dame prend son chien sur ses genoux (au grand désespoir d’Ivana qui rêvait juste d’être à coté) et nous laisse place à l’arrière. Ils nous emmènent jusqu'au centre de Squamish.







Squamish centre est une petite ville charmante, étendue en terme d’espace, qui compte une seule rue principale dont les maisons font penser au style western. Estomacs toujours vides,  nous parcourons rapidement l’allée et nous ruons vers un restaurant typé américain qui diffuse de la musique folk qui s’entend depuis l’extérieur. Simon y mangera un des meilleurs burgers jamais goutté avec de la viande de bison. Ivana optera pour le burger veggie, une TUERIE.

Burger de bison !


Le restaurant avec, en arrière-plan, une célèbre falaise renommée dans le monde de l'escalade.
Lorsque l’on ressort du restaurant, le soleil a commencé à décliner et le ciel prend les teintes du crépuscule. Nous sommes fascinés par le Mont Garibaldi, volcan encore en activité, qui fait face à la rue. Il nous reste environ moins d’une heure avant notre bus, nous décidons donc de flâner quelques minutes dans le village avant de rejoindre l’arrêt.

Rue principale de Squamish avec, en arrière-plan, le mont-volcan Garibaldi.



Et c’est dans les dernières minutes passées à Squamich que notre petite expédition du week-end s’est transformée en une aventure stressante au dénouement inespéré.

Reprenons : 25 minutes avant notre bus, nous nous renseignons dans un magasin si le bus passe bien par l’arrêt d’en face. Plusieurs employés nous disent ne pas en être certain, une dame nous certifie même que cet arrêt ne sert plus au bus pour Vancouver depuis un petit temps et qu’il faut se rendre à l’autre station (à 1h à pied, on vous le rappelle). Deux choix s’offrent alors à nous : prendre un taxi qui nous amène à la station où nous sommes sûrs d’avoir le bus, ou bien croire le site de la compagnie que nous avions consulté où il était écrit que le bus passait par cet arrêt et penser que les gens d’ici n’y connaissent rien. On vous laisse deviner notre solution.

On attend donc le bus, assez confiants. On croise un premier énergumène, certainement saoul, à qui on demande l’heure à laquelle le bus devrait passer. Il se fout clairement de nous "it may come, it may not  HAHAHHAHAHAH" ok, rassurant. Il nous dit qu’il ne connait pas bien le village car il n’est pas d’ici. « I LIVE HERE ONLY SINCE 1978 SOOOOO I DON T KNOW ». Bref, pour le moment, le bus a seulement 5 minutes de retard, on se dit que tout est encore possible.

Voilà 20 minutes qu’on attend et  nous n’avons encore jamais connu de retard  au canada (ça aurait été la TEC, on aurait sûrement pas paniqué). On demande alors à un passant, Michel (qu’on appellera Dieu pour le reste de l’article sur le coup) pour la 7ème fois de la journée, s' il pense que le bus passe par ici. Il se démène pour nous, va demander au magasin d’à coté s’ils ont un horaire, nous propose même de dormir chez lui si le bus ne passe pas. Au bout de 10 minutes de discussion, le bus n’étant toujours pas là, Dieu nous propose de nous amener à l’autre station de bus pour avoir le prochain. Il doit d’abord amener à sa femme paraplégique des courses (Seigneur, c’est vraiment toi). Sur le chemin, Simon check le site et aperçoit que le prochain bus est indiqué comme complet, qu’il est impossible d’avoir des billets. Dieu nous dépose cependant au Tim Hortons, nous laisse son numéro au cas-où on ne saurait pas embarquer dans le prochain car.

Sur place, on apprend que notre car vient seulement de partir quelques minutes plus tôt car il avait plus de 30 minutes de retard. On se retrouve déspespéré à essayer d’appeler la compagnie pour savoir si on pourra monter dans le car suivant même si il est indiqué complet.

Personne ne répond, le prochain et dernier bus est dans 2h et nous sommes certains qu’on ne pourra pas monter dedans. Nous sommes à  1h30 de route de Vancouver, un taxi nous coûterait des centaines de dollars. Nous désespérons.

Soudain, un quart d’heure plus tard, Dieu réapparaît, il nous explique qu’il en a discuté avec sa femme , qu’ils n’avaient rien prévu de faire pour la soirée donc … « Let’s go to the Downtown ! ». Nous montons dans la voiture et rencontrons Bonnie, sa femme « paraplégique ».

Ce vieux couple nous racontera toute leur histoire, leur rencontre, leurs 7 enfants, le décès de l’un d’eux, leur ancien métier, leur vie, leur opinion sur le gouvernement, l’Europe, leur foi en Dieu. Nous partageons également notre petite aventure au Canada. Au bout de la longue route, ils nous déposent donc au centre animé de Vancouver. Nous ne les reverrons certainement jamais mais si un jour ils tombent sur cet article, nous tenons encore à les remercier de nous avoir aidés.  On ne sait toujours pas ce qu’on aurait fait sans eux. Notre bonne étoile était bel et bien sur notre chemin ce jour là.

On gardera comme souvenir de Squamich un village où on a risqué ne pas aller et dont on aurait pu ne pas sortir.

Bisous, Ivana et simon

1 commentaire:

  1. cette histoire est passionnante pour celui qui la lit, car il ne se réjouit pas quelle se termine, ceux qui la vivent (vous deux) se réjouissent quelle se termine de manière heureuse. les indiens Squamish, les aigles à tête blanche, Dieu..

    Magnifique paradis. (car il y a des paradis moche)

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