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Départ d'un bateau de San Francisco vers l'Alaska. |
Fin du XIXème
siècle, un bateau portant les stigmates d’un lointain voyage vers le grand nord
s’amarre dans le port animé de San Francisco. À son bord, une énigmatique
cargaison qui rapidement anime toutes les conversations. Les marins, trop
bavards après quelques bourbons, cessent de parler du vent et passent à table :
un important filon d’or aurait été trouvé au cœur d’une lointaine terre sauvage
nommée Yukon. Aucune route n’y mène. Ce territoire du nord-ouest canadien se trouve au-delà de l’Alaska pourtant
connue comme la « dernière frontière ». Il est habité par quelques
tribus amérindiennes et, ponctuellement, par de sordides trappeurs attirés par
l’effervescente vie sauvage. Il n’y a rien au Yukon si ce n’est une nature
intacte et préservée. Des chaînes de montagnes aux pics sans-noms succèdent aux
forêts subarctiques à la croissance sans cesse retardée par de trop longs hivers. Des
rivières indomptées, dont seuls les élans et grizzli ont entendu parlé, se
tracent un chemin dans un lit de roches et de taïga. Une terre oubliée de la
civilisation qui va bientôt connaître le meilleur et le pire de la nature
humaine.
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Départ de Seattle vers l'Alaska. |
Sur simple base d’une
rumeur, des centaines, non des milliers de rêveurs saluent sans se retourner
leur paisible existence de citadin. Ils embarquent pour l’un des nombreux
bateaux quittant la baie d’Oackland, ou encore la toute jeune Seattle, à destination de Skagway. Cette ville
portuaire du sud-est de l’Alaska se développe aussi rapidement que les idées de
luxure dans la tête des apprentis chercheur d’or. Elle attire rapidement d’avides
commerçants et de généreux escrocs. Elle devient le point de départ d’une
éprouvante épopée pour laquelle il faut s’équiper à tout prix ...et quel
prix ! Le coût du voyage, matériel et vivres compris, coûterait au XXIème
siècle non moins de 25 000 euros.
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Skagway et ses jetées. |
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Le port de Skagway |
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Skagway. |
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Skagway. |
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Skagway. |
Les voyageurs quittent
Skagway le cœur léger mais le dos lourd. Une importante marche en montagne les
attendent pour rejoindre le col du Chilkoot. Les monts dantesques de la côte
nord-ouest de l’Amérique n’ont jamais été aussi fréquentés. Les aventuriers
sont à la moitié de leur voyage. Les risques d’avalanches sont réels. Ils
avancent en file indienne le long des pentes abruptes alors déjà recouvertes par
la neige. Parmi eux, Jack London, futur célèbre écrivain, nourrit progressivement
sa plume de la démence des hommes aveuglés par l’or invisible.
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Les aventuriers, chargés pour une année, grimpe en file indienne jusqu'au col du Chilkoot. |
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La montée du col du Chilkoot est une épreuve ! La pente y est raide et les avalanches sont nombreuses. |
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La file de voyageurs sur une pente du col du Chilkoot. |
Au sommet du
Chilkoot, des officiers de la police montée canadienne vérifient que chacun
dispose de vivres suffisantes pour une année. Il est en effet impossible de
faire la route dans l’autre sens durant les 9 mois d’hiver. Les compagnons de
voyage, regroupés par nouvelle amitié, descendant rapidement jusqu’au Lac
Bennett, au Canada, pour s’adonner à la construction d’une barque qui les
emmènera jusqu’au bout du voyage. Quelques artisants menuisiers campent au lac
pour la saison. Ils ont fait de leur fond de commerce l’impatience de certains
arrivistes, pressés de spéculer sur le meilleur terrain à creuser. La ruée vers
l’or est une véritable course contre le monde.
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La construction du bateau, sur les rives du lac Bennett. |
A bord de leur
embarcation de fortune, les futurs chercheurs d’or remontent le lac Bennett
jusqu’au fleuve Yukon. Beaucoup trop d’hommes n’iront pas plus loin, perdant la
vie dans les eaux tumultueuses du Miles Canyon. Les heureux survivants suivent nonchalament
le cours de la rivière durant plusieurs semaines. Ils traversent des contrées beaucoup
trop belles pour leur cœur avide de richesse. L’heure n’est malheureusement pas
à la contemplation. Ils dorment les yeux ouverts, les nuits multicolores du
magnétique grand nord, pendant que d’autres, au bout du chemin, creusent la
terre et perdent du poids qu’ils espèrent regagner en or.
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Les rapides du Miles Canyon. |
Dawson city, simple
étape des explorateurs, est le terminus des hommes venus chercher la fortune
bien trop loin de chez eux. Elle est située au croisement du fleuve Yukon et de
la rivière Klondike sur les rives de laquelle la richesse est à rechercher. Autrefois
simple village où trappeurs et autochtones commerçaient, Dawson s’est réellement
construite en quelques semaines autour d’hommes qui ont perdu leurs scrupules
mais pas leur foi. Elle compte alors 40 000 habitants et est la plus grande agglomération
au nord de San Francisco et à l’ouest de Winnipeg. Notons, qu’au XXIème siècle,
le territoire du Yukon tout entier n’habrite que 33 000 pensionnaires dont 1300
à Dawson City.
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Campement de mineurs le long de la rivière, à côté de Dawson City. |
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Dawson City. |
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Dawson City. |
Les voyageurs, à
peine arrivés, s’empressent de miser sur l’achat d’une concession . Le jour, ils
se dépensent, pelle à la main, sur leur terrain. Le soir, ils dépensent, verre
à la main, au saloon du coin. Seule une poignée de chanceux feront réellement
fortune. Les autres ne trouveront au Yukon qu’un trou dans leur poche. Ils prendront
le chemin du retour plus pauvres qu’à leur arrivée mais aussi plus riches d’aventure,
laissant derrière eux des compagnons de fortune emportés par la maladie et l’absence
d’une réelle loi. La trépidante agitation, là-haut dans le grand nord, n’aura
pas duré 4 ans.
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Des chercheurs d'or ...Que sont devenus ces hommes et ces femmes ? Ont-ils survécus ? |
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À Dawson City, la spéculation sur les concessions est un moyen efficace de faire fortune. |
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Dawson City et les chiens aidant à tirer le matériel des mineurs. |
À la fin de la ruée vers l’or, la population de Dawson city redescend à quelques milliers d’habitants. La ville de toutes les spéculations restera à jamais habitée par le souvenir des dizaines de millier de bottes pleines de fanges qui l’ont foulée. L’histoire du continent américain, c’est l’histoire d’hommes qui n’ont cessé de repousser les frontières. La ruée vers l’or du Yukon est une histoire d’aventure et d’appât du gain mais aussi de colonisation d’un territoire jugé comme toujours trop hostile. Elle fait aujourd’hui partie d’un folklore riche de personnages haut en couleur. Le riche, venu plein les poches augmenter son capitale, qui rentra quelques mois plus tard au pays, léger comme une plume, séjournant dans la même cabine que le vagabond qui lui avait lavé ses bottes. La pauvre, arrivé sans un sous qui repartit tout aussi démuni mais riche du souvenirs de ces nuits où il a dépensé sans compter les pépites qu’il venait tout juste de trouver.
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Un des derniers bateaux à vapeur ramenant les chercheurs d'or à la toute fin de la ruée vers l'or. |
Au printemps 2016,
nous suivrons les pas de ceux qui avaient autrefois un rêve. Nous remonterons
en bateau la côte pacifique, longeant les îles, les montagnes et les glaciers,
à travers la Canada et l’Alaska. Au port de Skagway, nous marcherons sur des trottoirs
de bois, le long des maisons d’époque et rendrons hommage à ces hommes qui, 120
ans plus tôt, cherchaient des vivres et un équipement à bon prix. Nous prendrons
ensuite la route du col de montagne sur lequel des milliers de voyageurs trainaient
péniblement leurs bagages en fil indienne.
Mais tout d’abord,
en ce début février, nous allons rejoindre le Yukon et nous frotter à sa vie
sauvage en plein hiver. Nous n’allons pas chercher d’or mais des morceaux d’histoires
et de paysages. Les habitants de Vancouver, apprenant notre voyage, n’ont
cependant d’autres mots pour nous qu’un « Good Luck ! ». Simple
marque de courtoisie ou traditionnelle salutation adressée à ceux qui, les yeux
brillants, rejoignent le froid du Yukon, en quête de merveilles.
Simon
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